Camille Saint-Saëns
« L’opérette est une fille de l’opéra-comique ayant mal tourné, mais les filles qui tournent mal ne sont pas toujours sans agrément «
Pourquoi défendre l’opérette ?
QU’EST-CE QU’UNE OPÉRETTE ?
L’opérette est une composition dramatique, alternant chant et théâtre, caractérisée par sa légèreté de ton.
L’OPÉRETTE PORTE MAL SON NOM
C’est Mozart qui aurait utilisé le premier le terme d’opérette pour se moquer des ‘petites œuvres’ de ses contemporains. Pourtant, contrairement à ce que sous-entend sa connotation péjorative, elle est un genre à part entière, héritière de toute une tradition populaire : celle des foires parisiennes et des vaudevilles. C’est contre l’élitisme et le sérieux des grands opéras qu’elle s’est construite au XIXe siècle, et non dans une tentative d’imitation.
LA PREMIÈRE OPÉRETTE
Le premier maitre du genre fut Louis-Auguste-Florimond Rongé, dit Hervé (1825 – 1892). En 1847, cet ancien élève de Daniel-François-Esprit Auber au Conservatoire de Paris compose ce qui est considéré comme la première opérette : Don Quichotte et Sancho Pança. Sept ans plus tard, en 1854, il prend la direction d’un café-concert du boulevard du Temple, les Folies-Mayer, où sont présentées les premières opérettes parisiennes. Parmi les compositeurs programmés figurent entre autres le grand Jacques Offenbach (1819 – 1880) qui donne à l’opérette ses premières lettres de noblesse.
DE BONS LIBRETTISTES
Le succès d’une opérette tenant tout autant à la qualité de sa musique qu’à celle de son texte, les compositeurs ont toujours fait appel à des librettistes de qualité. Verlaine, par exemple s’est adonné « avec délectation » à l’écriture de livrets pour Emmanuel Chabrier. On peut également affirmer que Jacques Offenbach doit beaucoup aux plumes acérées d’Henri Meilhac et de Ludovic Halévy.
L’OPÉRETTE A SURVÉCU APRÈS OFFENBACH
Après 1870, à l’époque de la IIIe République, on écrit des opérettes pour la nouvelle bourgeoisie. On citera parmi d’autres La Fille de Madame Angot de Charles Lecocq, Les Mousquetaires au couvent de Louis Varney. Au XXe siècle, malgré la concurrence du music-hall et des comédies musicales, d’autres chefs-d’œuvre voient le jour : Ciboulette de Reynaldo Hahn, Véronique d’André Messager, Les Saltimbanques de Louis Ganne, ou encore Ta Bouche, Pas sur la Bouche de Maurice Yvain.
OPERETTE AUJOURD’HUI
L’opérette demeure extrêmement populaire auprès du grand public. Pourtant certains choix ont condamné le genre dans de nombreuses villes et, depuis les années 1990, les théâtres lyriques l’ont peu à peu banni au nom d’une pseudo-modernité : les directeurs de la nouvelle génération ont souhaité promouvoir le grand répertoire et des mises en scènes branchées, plus facilement exportables à l’international.
Le nombre d’œuvres montées chaque année se réduit comme une peau de chagrin. Quasiment absente des programmations des scènes hexagonales, l’opérette se résume aujourd’hui à quelques titres d’Offenbach, de Léhar et de Lopez. Comment faire comprendre qu’elle n’est pas un art mineur ? Cet a priori d’autant plus injuste que les artistes d’opérette disposent de la double-casquette de comédien et de chanteur lyrique, une qualité remarquable.
Un motif d’optimisme : l’opérette jouit de nos jours d’un regain d’intérêt chez les artistes. Nombre de chefs d’orchestres, tels Marc Minkowski, Hervé Niquet, Alain Altinoglu et Benjamin Lévy, sont désireux de l’intégrer à leur répertoire. Emboîtant le pas, certains théâtres – trop peu nombreux néanmoins – comme l’Opéra Comique ou l’Odéon à Marseille semblent décidés à faire revivre le genre.